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Pourquoi et comment apprendre et utiliser les prénoms en classe ?

Les prénoms sont un vrai enjeu dans la gestion de classe. Comme pour beaucoup de profs, ce n’est pas très facile pour moi de mémoriser tous ces prénoms. C’est tout de même convaincue de l’utilité de nommer les élèves que j’utilise des stratégies, à la fois pour apprendre les prénoms et pour les utiliser rapidement.

Pourquoi les prénoms sont-ils aussi importants en classe ?

« Hé, toi, avec le T-shirt vert, comment tu t’appelles, déjà ? »
« Le voisin de Jean-Visible, tu te tais ! »
« Toi, au deuxième rang, passe au tableau ! »
« Marie-Cadette… Ah, non, ça c’est ta sœur, je l’avais il y a deux ans… »

Je ne connais personne qui apprécie d’être interpellé comme cela. Quand on se trompe dans mon prénom, ou pire, si on ne m’appelle pas du tout, ça me frustre, voire ça m’humilie. Si je vois que la personne n’y accorde aucune importance, je ne me sens pas totalement acceptée. A l’inverse, si on me nomme très vite, je me sens considérée et impliquée.

C’est d’abord pour éviter de générer des ressentis négatifs que j’apprends le plus vite possible les prénoms de tous mes élèves. Pourquoi un élève que je ne connais pas ou que j’ignore donnerait-il le meilleur de lui même dans mon cours ?  

Je sais que je vais gagner à afficher très tôt dans l’année le respect et la considération de chaque personne. Les prénoms ont une grande importance à la rentrée. Les connaître donnera tout de suite aux élèves une preuve que je souhaite que tout le monde existe dans ma classe et que chacun y ait bien sa place.

Sortir un élève de l’anonymat en utilisant son prénom, c’est aussi lui enlever la possibilité d’être dans l’impunité. En cas de problème, si j’ai besoin de le rappeler à l’ordre, je pourrai m’adresser individuellement à lui. Il ne lui sera pas possible de se cacher dans le groupe. J’ai le prénom de l’élève, lui a ses responsabilités.

Comment retenir les prénoms ?

Je me donne vraiment du mal pour apprendre les prénoms.

Le premier jour, je vérifie que je prononce bien chaque prénom avec chaque élève et je prends des notes phonétiques en faisant le tout premier appel de l’année. Je ne dois  pas dire « Jean-Alexi» si c’est « Jean-AlexiS ».

Je révise avec les trombinoscopes le soir.

Je révise dès que c’est possible pendant les premières séances, quand les élèves sont au travail : je les regarde un par un et j’essaye de retrouver le prénom de mémoire, avant de vérifier sur le plan de classe.

Malgré toute la bonne volonté du monde, c’est parfois très difficile. Par exemple avec des jumeaux.

Il m’est aussi arrivé d’avoir deux élèves. Deux copains. Même type physique, même coiffure, même type de vêtements, et pas de chance, voisins de tables. J’ai mis trois mois complets à les différencier en m’appliquant chaque jour à les dévisager quand ils ne faisaient pas attention. Celui-ci a un menton un peu plus fuyant que celui-là. Un peu plus de gel. Et il a arrêté le gel le mois suivant…
J’ai dû ruser dès qu’ils n’étaient pas assis à leurs places pour m’adresser à eux sans erreur ou leur rendre des documents nominatifs.
Il faut persévérer ! J’ai fini par y arriver en étant tenace.

Une autre année, voici le challenge que j’ai eu :

Comment arriver le plus vite possible à dire beaucoup de prénoms ?

Le plus tôt j’utiliserai un prénom, le plus vite j’inclurai l’élève en question. C’est donc très important d’avoir des stratégies pour “placer” un maximum de prénoms rapidement.

Je triche parce que j’ai mauvaise mémoire pendant les premières séances. Je jette un œil discret à mon plan de classe.  Je repère à l’avance un prénom que je n’ai pas encore utilisé. Je lève les yeux et je laisse passer un temps assez long pour ne pas qu’on voit que je me suis servi d’un anti sèche. Puis j’interroge cet élève en le regardant dans les yeux. Magie ! Il pense que je le connais déjà !

J’abuse à l’infini des prénoms très tôt dans l’année en les disant dès que c’est possible, dans les couloirs, à la porte, en interrogeant, en disant au revoir. Ca doit être manifeste que je les connais. Même si ce n’est pas encore tout à fait vrai pour tous les élèves.

La botte secrète, c’est d’utiliser très tôt les prénoms des élèves les plus discrets. Je n’aurais pas autant de mérite à connaître le prénom de Jean-Pète-Noix que tous les profs connaissent dès la première heure de cours, par rapport à celui de Jean-Silence qui peut passer inaperçu tout le trimestre. Je deviens fortiche aux yeux des élèves sans rien faire d’extraordinaire.

Je ne prononce pas un prénom si je ne suis  pas sûre que c’est le bon. Je fais autrement, c’est trop important que l’élève ne sache pas que j’ai oublié son prénom ! J’évite aussi de me retrouver dans la situation gênante où je ferais une pause silencieuse anormalement longue et gênante avant de m’adresser à un élève. Cela révélerait que je ne sais plus ce fichu prénom.

Quand je reçois un nouvel élève en cours d’année, je dis son prénom le plus vite possible. Si j’ai la chance d’avoir été prévenue, j’apprends la veille le prénom pour l’accueillir tout de suite en le nommant. “Bonjour, Jean-Ménage !” Si je découvre son arrivée le jour même, il ne doit pas s’apercevoir que je ne sais pas son prénom. Je lui demande son carnet, comme pour vérifier quelque chose, et j’enregistre le prénom rapidement. Je m’empresse de l’utiliser avec un prétexte. “Marie-ConseilDeDisc, as-tu déjà reçu ton manuel de maths ? ”

Si par malheur, je me trompe – et c’est arrivé quelques fois malgré tous mes efforts – je présente mes excuses platement et sincèrement et je m’assure de ne plus me tromper.

J’obtiens de façon non mesurable mais certaine de bien meilleures intentions de la part de mes élèves en les nommant, cela vaut vraiment le coup de faire ces efforts de mémoire.

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