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Recentrer l’attention et reprendre la parole après une activité

Reprendre la parole.

Le professeur doit y réussir systématiquement après une phase de travail individuel ou collectif, sonore ou silencieux pour donner les consignes suivantes, pour reprendre collectivement un exercice, pour animer le débat,… Cette situation se présente plusieurs fois par séance. Donc plusieurs fois par jour et de très nombreuses fois par semaine. L’enjeu est donc énorme.

J’ai personnellement essayé beaucoup de façons de reprendre la parole dans la classe avec plus ou moins de succès jusqu’à la stratégie d’aujourd’hui que j’expliquerai à la fin de l’article. Voici un florilège de ce que j’ai testé sans que ça ne me convienne parfaitement.

Dire aux élèves de se taire, qu’on va arrêter, que c’est l’heure de mettre en commun ou d’écouter. C’est assez long et parfois inefficace selon la classe. Cela crée un sentiment de frustration récurrent chez moi. Cela peut aussi me faire développer du ressentiment contre les classes plus difficiles et plus longues à canaliser.

Appeler au regroupement puis se taire et attendre le silence, ou bien parler plus bas pour marquer la rupture. Cela peut aussi être long, surtout si la classe tourne en partie le dos ou si c’est un groupe plus bruyant. Les élèves risquent de ne même pas se rendre compte que je les attends.

Se mettre à parler plus fort ou à crier. Ça peut marcher mais c’est fatigant et ça plombe le climat de sérénité de la classe. Si ça échoue, on perd en crédibilité. Je connais des professeurs qui arrivent très bien avec une grosse voix bien placée à récupérer tous les élèves assez vite. Pour moi, c’est possible mais ça me prend beaucoup d’énergie et ça me met en tension.

Interpeller les personnes individuellement en repérant celles dont on n’a pas l’attention et quand on appelle la huitième, on a à nouveau perdu l’attention de la première. Tout est à recommencer.

Punir tous les élèves inattentifs. Que peut penser de cette décision Marie-Méticuleuse qui finissait sérieusement son exercice ? Comment cibler tous les élèves d’un coup d’œil quand 13 ou 17 sont concentrés sur autre chose ? C’est l’escalade à l’injustice.  

J’ai compris que de toute bonne foi, les personnes qui constituent une classe ou un groupe de travail peuvent être absorbées par leur tâche, en train de se concentrer ou d’argumenter, sur le point de finir, passionnées ou stressées par l’activité en cours. Elles peuvent aussi être bavardes, déconcentrées, excitées, bruyantes. Elles peuvent nous tourner le dos ou regarder leurs cahiers. Elles peuvent être en train d’écouter quelqu’un. A priori, les élèves sont au travail et ont raison de l’être. Je dois considérer qu’ils suivent mes préconisations donc c’est à moi de leur indiquer très clairement quand c’est le moment d’arrêter. Cela ne s’improvise pas, cela s’apprend !

C’est avec tout ça en tête que j’ai adopté la technique de ProfessOeur KCl depuis quelques années. Merci à elle car cela me permet de me préserver la santé et l’envie sur la durée !

Nous utilisons une cloche type réception d’hôtel. Quand nous voulons l’attention de la classe et l’arrêt synchronisé de l’activité, nous sonnons une seule fois la cloche. Puis nous montrons le poing fermé à la classe. Ensuite nous levons les doigts un à un. A la fin du décompte tous les élèves savent qu’ils doivent être silencieux et attentifs. Ces 5 secondes sont importantes pour la réussite du rituel. Elles servent à chacun à finir sa phrase, à finir d’écrire, à poser son stylo, à se tourner, à faire signe à Jean-Voisin de se taire et de se tourner. Après ces 5 secondes, pas d’excuse pour ne pas être prêt. Les signaux sont auditifs et visuels ce qui les rend à peu près immanquables.

Ce rituel de la cloche doit être enseigné dès la rentrée à la classe. Il faut expliquer comment il marche, pourquoi il est fait ainsi et comment on le fera respecter. Je fais un entrainement le premier jour avec toutes mes classes. Et comme pour tous les rituels que j’instaure, je félicite la classe pour sa réussite. Jusqu’à présent, toutes mes classes ont réussi à quasi 100% le rituel dès la première fois. C’est facile de voir qui n’a pas été prêt au bon moment le cas échéant car ça concerne très peu d’élèves. On est alors en mesure de les nommer et donc les avertir qu’il y aura des conséquences s’ils ne respectent pas l’attente. On est juste. On montre au passage que le seuil de tolérance est absolument nul puisqu’on donne toutes les conditions pour que chacun réussisse. Il faut absolument être totalement intransigeant faute de quoi le rituel se montrera totalement inefficace à la longue.

Evidemment, ce n’est pas l’unique façon de procéder. A mon avis, ce qui est important, c’est de savoir comment on va s’y prendre. Peu importe la stratégie. Il faut en avoir une qui fonctionne suffisamment bien pour être serein quand on l’utilise.

En sortie, en extérieur, en salle polyvalente, en salle info, dans une autre salle que la mienne, en voyage scolaire, je n’ai pas ma cloche. J’utilise d’autres stratégies plus ou moins coûteuses en énergie mais j’ai gagné en sérénité et en assurance. Elles me fatiguent moins car elles sont plus rarement utilisées que celle que j’utilise au quotidien.

Petite anecdote de la cloche :
Après un mois de cours, une élève de 5e vient me dire à la fin de l’heure : “Madame, quand j’ai vu votre cloche au début, j’ai eu peur ! J’avais un prof qui avait la même dans mon ancien collège. Il sonnait quand on parlait trop fort. J’avais tout le temps mal à la tête à la fin du cours parce qu’il sonnait tout le temps. Heureusement, ce n’est pas comme ça dans votre classe !”

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