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Entrer en lien avec un élève qu’on pressent plutôt hostile

Quand je pressens que Jean-Potentiel ou Marie-Décrocheuse va poser problème : envahir le cours, faire preuve d’insolence, me tester,…, j’utilise en amont une technique de prévention pour créer un lien avec l’élève.

Je lui demande un (petit) service.

« Est-ce que je peux t’emprunter un stylo une minute, s’il te plait ? »
« Est-ce que tu peux me tenir ceci un instant, s’il te plait ? »
“Pourrais-tu allumer la lumière, s’il te plait ?”
« Est-ce que Marie-Absentéiste était là de 8h à 9h ? »

Je demande cela en aparté pour que la classe ne se sente pas concernée : je ne tiens pas à déclencher une avalanche de réponses d’autres élèves aussi serviables qu’envahissants.

Pour que cela marche, il faut que ce soit très, très, très simple à réaliser et que l’élève ne puisse qu’accepter. Les chances de réussite sont augmentées si on s’approche, qu’on se met à son niveau, qu’on lui parle de façon calme et rassurante, qu’on lui sourit.

Je ne choisirais pas de faire effacer le tableau à Jean-Décrocheur, ni de lui faire jeter quelque chose qui ne vient pas de lui à la poubelle. Il pourrait dire non, trouvant la tâche ingrate. J’évite de lui demander quelque chose qu’il pourrait interpréter comme une humiliation. Cela peut être fait plus tard, quand la confiance est bien installée.

Pourquoi ça marche :

L’élève est automatiquement positionné dans un rôle positif et valorisant.

Il est un peu surpris de ne pas être dans un rapport de force, cela lui fait oublier ses réflexes négatifs.

Il a son petit moment individuel avec l’adulte.

Il va forcément être en réussite par rapport à cette demande provenant de l’enseignant, ce qui est sans doute inhabituel pour lui.

Il a le sentiment d’être inclus, de participer à ce qui se déroule dans la pièce.

Il a l’illusion d’avoir un petit pouvoir en me rendant débitrice de ce petit service.

Il a le sentiment d’avoir de ma part un a priori positif, d’avoir ma confiance.

Autres effets vertueux :

La classe est sidérée qu’on puisse s’adresser de façon aussi confiante à Marie-Décrocheuse qui est perçue comme systématiquement problématique le reste de la journée. On monte dans l’estime de la classe.

De surcroît, Marie-Décrocheuse gagne une occasion d’être vue différemment par ses camarades et peut baisser sa garde. Elle peut sortir de son rôle négatif au moins pendant un moment. C’est sans doute le meilleur bénéfice à long terme de cette technique.

J’ai souvent discuté avec d’autres enseignants pour découvrir qu’ils utilisaient aussi cette technique. Nous avions tous constaté séparément, par hasard ou pas, la puissance de cette démarche.

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